Bref aperçu

Un budget exceptionnel pour une époque exceptionnelle - Pierre Gramegna

Un budget dans la continuité des actions pour lutter contre le Covid-19

Suite à la proclamation de l’état de crise en mars 2020, le Gouvernement avait introduit des mesures ambitieuses qui s’articulent autour de deux axes : la protection sanitaire et sociale de la population d’un côté et l’assouplissement du fardeau économique de la crise pour les entreprises et les salariés de l’autre. Le renforcement des capacités du système de santé fut une priorité absolue pour protéger au mieux la population. Les initiatives comprenaient des aides directes en faveur des entreprises de toute taille, des mesures liées à l'emploi et à la sécurité sociale, des reports ou remboursements de paiements d'impôts, de taxes et de cotisations sociales et la mise à disposition de garanties publiques supplémentaires.

Au mois de mai, le Gouvernement a mis en place le paquet « Neistart Lëtzebuerg ». Les actions s’articulent notamment autour des trois axes prioritaires suivantes : encourager l'emploi, soutenir les entreprises dans les secteurs les plus touchés et promouvoir une relance économique verte.

Le budget 2021 s’inscrit dans la continuité de ces mesures ambitieuses pour lutter contre la pandémie du Covid-19 et accompagner une relance durable. Il met l’accent sur cinq priorités :  maintenir les investissements à des niveaux élevés, assurer la solidarité, favoriser le logement abordable, renforcer la compétitivité du pays et promouvoir une économie durable. Un paquet ambitieux de mesures fiscales vient renforcer et compléter ces priorités.
 

1.       Les investissements à un niveau record

Un programme d’investissement ambitieux constitue l’épine dorsale du budget 2021. Pour favoriser une reprise durable, le taux d’investissement s’établira à 4,3% du PIB en 2021, soit 2,7 milliards euros, ce qui constitue un record historique. En effet, ce niveau dépasse de loin celui de l’avant-crise, qui oscillait autour de 3,7% du PIB.   
 

2.       Assurer la solidarité

Pratiquement la moitié des dépenses (48%) du budget 2021 sont dédiées dédiées aux prestations sociales, subsides et subventions dans le domaine social. En particulier, les fonds nécessaires pour renforcer le système sanitaire public et les services de soins seront substantiellement revus à la hausse en 2021. De même, le « Fonds pour l’emploi » et le « Fonds pour les investissements socio-familiaux » se verront dotés des moyens nécessaires pour leur permettre de soutenir le marché du travail et aider les plus démunis à faire face aux défis liés à la crise.

Dans ce même esprit, le budget introduit une série de mesures fiscales en faveur de l’équité sociale. En particulier, afin de contrecarrer les abus issus de l’utilisation du régime fiscal applicable aux FIS et autres fonds pour des investissements dans le secteur immobilier au Luxembourg, il est introduit un prélèvement immobilier à partir du 1er janvier 2021. Les revenus immobiliers (loyers et plus-values immobilières) luxembourgeois réalisés par les fonds d’investissement seront ainsi imposés au taux de 20 pour cent, sans possibilité de faire valoir des déductions.
 

3.       Favoriser le logement abordable

L’enveloppe budgétaire du ministère du Logement sera considérablement augmentée (+11%) et le nouveau « Fonds spécial de soutien au développement du Logement » bénéficiera d’un budget de 150 millions euros pour créer et financer du logement abordable.

Au niveau fiscal, le budget propose plusieurs mesures pour lutter contre la spéculation foncière, et pour inciter à la rénovation énergétique, dont notamment la réduction du taux de l’amortissement accéléré en cas d’investissement dans un logement neuf dédié à location et l’introduction du taux d’amortissement de 6% en cas de rénovation énergétique pour les immeubles affectés au logement locatif.
 

4.       Promouvoir une économie durable

Le budget 2021 prévoit une enveloppe de 547 millions d’euros pour des investissements dans le domaine de la mobilité et du climat. L’accent est mis notamment sur le développement continu du réseau ferrovier et du tram, de même que sur la mobilité douce.

L’introduction d’une taxe d’abonnement réduite pour les fonds d’investissements durables permettra de stimuler davantage les investissements verts et à caractère social, et de consolider la position de leader de la place financière en matière de finances durables.

Le principe pollueur/payeur en matière climatique trouve une application concrète par l’introduction en 2021 d’une taxe CO2 à hauteur de 20 euros la tonne, qui sera progressivement augmentée à 30 euros la tonne d’ici 2023. Le budget veille toutefois à assurer l’équité sociale en prévoyant des mesures de compensation sociales, dont notamment une augmentation des crédits d’impôts de l’ordre de 96 euros par an, ainsi qu’une augmentation de 10% de l’allocation de vie chère dès 2021.

5.       Renforcer la compétitivité

Le budget 2021 prévoit de nombreuses mesures en vue de renforcer davantage la compétitivité du pays. En particulier, un montant total d’un milliard d’euros est prévu sur la période 2021-2024 pour faire avancer la digitalisation de l’économie luxembourgeoise.

Pour attirer et retenir les talents indispensables au développement économique continu du Luxembourg, deux instruments fiscaux innovants sont prévus, à savoir : une prime de participation, que les employeurs auront la possibilité d’octroyer à leurs salariés méritants, ainsi qu’un régime actualisé des « impatriés », comprenant notamment la possibilité pour l’employeur d’octroyer une prime d’impatriation qui bénéficiera d’une exemption fiscale à hauteur de 50%.

Chiffres-clés du budget 2021

En 2020, le solde nominal de l’Administration publique devrait s’établir à -7,4% du PIB (soit -4,4 milliards d’euros), ce qui constitue une chute importante par rapport au solde positif de 2,4% du PIB (soit 1,543 milliards d’euros) en 2019 et de 3,8% du PIB (soit 1,841 milliards d’euros) en 2018.

En 2021, le solde s’améliorera significativement par rapport à 2020. Le déficit sera réduit de plus de la moitié et atteindra -1,7 milliard d’euros, soit -2,7% du PIB.

Concernant les recettes de l’Administration centrale, on note un recul de -5,5% en 2020. Cette baisse est principalement due à la détérioration abrupte de l’activité économique dans le cadre du confinement, qui a impacté quasi toutes les sources de recettes de l’Etat. Cette tendance baissière devra s’inverser en 2021, avec une croissance des recettes de +7% en 2021.

Du côté des dépenses de l’Administration centrale, l’année 2020 affiche une croissance sensible de +16,4% par rapport à 2019. Cette hausse est surtout liée aux mesures prises par le Gouvernement dans le contexte de la crise sanitaire.

Ainsi, le solde de la seule Administration centrale passe à -5,1 milliards d’euros ou -8,6% du PIB en 2020. Bien que le solde restera négatif en 2021, il ferait preuve d’une amélioration sensible de 2,6 milliards d’euros, pour s’établir à -2,5 milliards d’euros ou -3,9% du PIB.

La dette publique quant à elle passera de 22% en 2019 à 27,4% en 2020 et pourra atteindre 29,4% fin 2021, en raison du déficit de l’Administration centrale et du financement des mesures de soutien liées à la pandémie. Hormis le financement de ces mesures, la dette publique se chiffrerait à seulement 22,3% en 2020 et à 24,7% en 2021.

 

 

 

 

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